De nombreux statuts Facebook affichaient aujourd’hui ce message :
« Facebook est désormais une entité cotée en bourse. À moins que vous ne signifiez le contraire, n’importe qui peut porter atteinte à votre droit à la vie privée une fois que vous publiez sur ce site. etc, etc. »Ce genre de message se diffuse d’autant plus rapidement qu’il joue sur la peur du Big Brother, dans un contexte où nombreux sont ceux qui passent leurs journées à balancer des trucs plus ou moins privés (et plus ou moins intéressants) sur leur page Facebook.
Ce n’est pas le premier du genre, ce ne sera certainement pas le dernier, mais j’en profite pour me fendre d’un petit laïus sur le sujet.
Pour ceux qui s’étonneraient de ne pas me voir réagir sur la mauvaise qualité de la traduction et les fautes d’orthographe, rassurez-vous, je ressemble à un porc-épic tellement mes poils se sont hérissés à la lecture de ce statut, mais le propos n’est pas là.
D’abord, je m’étonne toujours des réactions indignées, voire apeurées des Facebookiens. On vous l’a dit et répété, tout ce qui est publié sur Internet 1. y reste pour toujours, 2. est susceptible de tomber dans le domaine public. Autrement dit, vous êtes censés savoir depuis belle lurette que toutes les informations vous concernant vous et vos amis publiées sur Facebook, peuvent être transmises à des tiers ou utilisées par Facebook pour vendre de la publicité ciblée.
Pour ceux qui auraient fait une découverte en lisant le passage ci-dessus, pas de panique, pour le moment il s’agit d’utiliser ces données pour vous vendre des trucs. Donc si vous vous sentez la force de résister aux sirènes du marketing et de ne pas cliquer sur les liens pour les pompes Zalando et les Tuc, vous ne risquez pas grand-chose.
En attendant, forts de ce constat, vous aurez sans doute tiré les mêmes conclusions que moi, si vous voulez être absolument sûr que l’annonce de la mort de votre chien ou les photos de votre dernière biture ne seront pas récupérées, que ce soit par Facebook ou par d’autres, directement ou indirectement… gardez-les pour vous. Ou alors invitez vos potes (les vrais) à boire un verre chez vous et faites une annonce officielle, avec éventuellement procession dans le bois à la mémoire du clébard ou organisez une projection avec olives et cacahuètes. Vous aurez en plus l’immense avantage de PARTAGER pour de vrai de bons moments — sauf dans le cas du chien, mais avouez-le, c’est quand même plus sympa de pouvoir geindre en trempant la chemise neuve de votre meilleur pote à grand renfort de mascara waterproof que de lire des commentaires du genre « pas cool, j’aime pas ».
Ensuite, vous vous doutez bien que poster ce genre de statut a autant de portée juridique que poster une photo des fesses de votre grand-mère (ce que vous ne ferez pas, par respect pour ladite grand-mère et pour tous les motifs exprimés ci-dessus).
Enfin, l’entrée en bourse de Facebook n’a rien à voir là-dedans. Le problème du respect de la confidentialité des données des utilisateurs de Facebook se pose depuis l’avènement même du réseau, aujourd’hui devenu le mastodonte du genre. La vraie question qu’entraine l’entrée en bourse du petit Zuckerberg c’est le potentiel d’évolution de la rentabilité de la pub sur le réseau — – en gros, est-ce qu’il est possible de balancer encore plus de pub ciblée sur le réseau pour faire encore plus de pognon pour les actionnaires. Alors évidemment, vous allez me dire « ouais, mais ce sont nos données qu’ils utilisent pour faire ça » vrai, sauf que c’est déjà le cas depuis belle lurette et que, encore une fois, en l’état des choses, le pire qui puisse vous arriver c’est de cliquer sur un lien commercial et d’acheter une paire d’escarpins vernis qui vous font mal aux pieds et dont vous n’aviez pas besoin.
En bref, soit l’idée que tout ce que vous avez posté sur Facebook peut un jour être utilisé sans votre accord vous fout en boule et dans ce cas je vous conseille vivement de supprimer votre compte et de saisir la CNIL pour faire supprimer vos données ; soit vous vous en accommodez et vous ne postez que des données pas si privées que ça (après, chacun sa définition de la sphère privée, mais c’est une autre histoire)…
Dans tous les cas, siouplait, épargnez-vous (nous) la peine de poster (lire) encore et toujours le même genre de statuts alarmistes, ça ne sert à rien, si ce n’est à spammer les murs de vos amis.
Autre(s) billet(s) sur le sujet : ici
Enfin quelqu’un de sensé! Très bon article qui explique bien le problème tout en l’abordant avec humour, bref un vrai régal à lire!
Merci Valkun ! 🙂